I met the ennemy and he is us …Anonyme
« L’agriculture est une invention humaine assez récente, et à bien des égards, ce fut l’une des idées les plus stupides de tous les temps. Les chasseurs-cueilleurs pouvaient subsister grâce à des milliers d’aliments sauvages. L’agriculture (intensive / industrielle) a changé tout cela, créant une dépendance accablante à quelques dizaines d’aliments domestiqués, nous rendant vulnérable aux famines, aux invasions de sauterelles et aux épidémies de mildiou. L’agriculture a permis l’accumulation de ressources produites en surabondance et, inévitablement, l’accumulation inéquitable ; ainsi la société fut stratifiée et divisée en classes, et la pauvreté finalement inventée. » Robert Sapolsky (chercheur en neurobiologie à l’université de Standford), dans son livre Pourquoi les zèbres n’ont pas d’ulcère ?
Soixante-dix ans d’agriculture industrielle intensive ont littéralement épuisé les sols …en France comme dans tous les pays étrangers. La réalité est brutale : les rendements baissent et les terres non pollués sont largement minoritaires et se réduisent comme peau de chagrin :produits chimiques à gogo et labours agressifs les font disparaître hectare après hectare…quand ce n’est pas l’étalement urbain et les constructions .
Et si la France, vieux pays agricole, se couvrait de champs devenus infertiles dans le prochain quart de siècle ?
Lorsque 10 milliards d’hectares de nature sauvage sont remplacés par 10 milliards d’hectares de blé, de soja ou de terre d’élevage, les conséquences sont prévisibles… Ils deviennent 10 milliards d’hectares qui ne produisent plus de nourriture pour les bisons, les ours ou les bouquetins. Voilà la cause ultime de l’extinction de masse que nous connaissons actuellement. L’agriculture transforme un territoire qui nourrissait auparavant des milliers d’espèces en une terre ne nourrissant plus qu’une seule espèce. Elle affame littéralement les autres espèces et précipite simplement leur extinction…
La valeur nutritionnelle des fruits, légumes et céréales diminue au fil des traitements à répétition qui leur sont infligés au nom de la productivité et de la rentabilité. Et si la culture paysanne et les pouvoirs publics, contre l’avis de puissants lobbies, changeaient en profondeur pour mettre un terme à ce désastre agricole, sanitaire et environnemental ?
Certains pionniers sont déjà au travail pour inverser la tendance : les « médecins des sols » Claude et Lydia Bourguignon. Ces biologistes affirment que« l’agriculture conventionnelle est un massacre pour les sols… Elle anéantit leur fertilité ». Ils trouvent des remèdes pour soigner les terres exsangues. Jean-Christophe Bady, « repenti » de l’agriculture intensive, n’utilise ni engrais ni pesticides pour des raisons de santé et fait le choix de l’agro-écologie… sans recevoir d’aide de l’Etat.
Pourtant le modèle agro-écologique dit bio n’a que des avantages : plus sain, moins cher, durable et même plus productif ! Le maraîcher normand Charles-Hervé Gruyer exploite depuis une dizaine d’années une ferme agro-écologique de pointe, au rendement dix fois supérieur à celui d’un maraîcher classique. Les pionniers du changement sont déjà à l’œuvre, aux petits soins du bien commun des hommes, la Terre.
Tandis que les agriculteurs se sont concentrés sur des cultures riches en glucides comme le riz et les pommes de terre, le mélange de plantes sauvages et d’animaux, de l’alimentation des chasseurs-cueilleurs survivants, fournit plus de protéines et un meilleur équilibre des autres nutriments.
D’après une étude, la consommation journalière moyenne de nourriture chez les bochimans (pendant un mois où la nourriture était abondante), était de 2140 calories, et 93 grammes de protéines, ce qui est considérablement mieux que les recommandations journalières prescrites pour les gens de leur taille. Il est presque inconcevable que les Bochimans, qui mangent environ 75 types de plantes sauvages, puissent mourir de faim, de la manière dont les centaines de milliers d’agriculteurs irlandais ainsi que leurs familles l’ont fait durant la Grande Famine des années 1840…