CQFD: merde, ben j’avais bien raison ;) !

  « On n’est pas ici pour gagner ou perdre, on est ici parce que c’est la bonne chose à faire, c’est l’endroit où le faire et c’est le moment de le faire »  Chef Amérindien Russell Means de Wounded Knee / Dakota du Sud.

Rassurant  de constater que ce que l’on pratique quotidiennement est  validé empiriquement par la science :  passer au bio sans diminuer la part de viande dans sa consommation ne sert à rien !

L’article publié le 15 avril 2019 dans American Journal of Clinical Nutrition est le fruit d’un travail de Romains. En 2014 en effet, l’équipe du programme BioNutriNet a interrogé 29.000 personnes sur leur consommation de produits alimentaires bio. Le questionnaire allait bien au-delà des simples habitudes d’achat. Chaque participant a détaillé son état de santé, ses habitudes de vie, la part de la viande et des légumes dans son alimentation, etc. “Des questionnaires alimentaires ont été spécifiquement établis pour cette étude et les personnes volontaires ont été ainsi invitées à détailler précisément leur mode de vie,” précise Emmanuelle Kesse-Guyot, directrice de recherche au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques de l’Inra. Il a fallu quatre ans de dépouillement et d’analyses pour obtenir les résultats, ce qui explique qu’ils ne sont publiés qu’aujourd’hui.

Le principal enseignement, c’est que passer au bio sans diminuer la part de la viande dans sa consommation ne sert à rien ni pour la santé, ni pour l’environnement”, résume Emmanuelle Kesse-Guyot. L’étude compare les 20 % de l’échantillon ne consommant jamais de bio aux 20 % pour qui il représente plus de la moitié de l’alimentation. Ces gros mangeurs de bio se caractérisent par un régime différent où les végétaux sont prépondérants. Leur consommation de légumes et fruits est 15 fois plus importantes que celle de ceux ne mangeant jamais de bio, celle de viande, inférieure de 51 %, celle de produits laitiers, de 38 %.

Plus de légumes, moins de viande chez les amateurs de bio

En conséquence, le groupe des amateurs de bio applique beaucoup mieux les préceptes du Plan national nutrition-santé (PNSS) comme “les cinq fruits et légumes par jour”. Les apports énergétiques entre les deux groupes sont pourtant quasi similaires. La différence de régime n’implique donc pas de modification dans le nombre de calories ingérées tous les jours. En revanche, l’indice de masse corporelle (IMC) moyen des amateurs de bio (23,2 kg/m2) est meilleur que celui des autres (27,3 kg/m2).

En matière d’environnement, et sans surprise, le régime non bio est plus émetteur de gaz à effet de serre à 5,07 kilos d’équivalent CO2 par jour (kgeCO2/j), que celui des bio à 3,17 kgeCO2/j. Il en va de même pour la consommation d’énergie primaire et l’occupation des sols agricoles, l’élevage de viande bovine, notamment, exigeant plus d’espace que les cultures. “La structure du régime alimentaire donnant une plus large place au végétal est principalement responsable de la diminution des gaz à effet de serre et de l’occupation des terres pour la production agricole que l’on constate chez les consommateurs de bio, relève Emmanuelle Kesse-Guyot. À l’inverse, la moindre consommation d’énergie primaire n’est pas due au comportement du consommateur mais au mode de production bio.” En s’appuyant sur les données d’analyses de résidus de pesticides dans les végétaux d’un laboratoire de référence allemand, les chercheurs ont pu également établir une exposition aux résidus de pesticides inférieure de 23 à 100 % selon les molécules pour les consommateurs de bio. « De 40 % en moyenne, la réduction de l’exposition aux contaminants chimiques s’explique par le mode de production bio, alors que la structure du régime (riche en fruits et légumes) tend pourtant à augmenter l’exposition aux pesticides”, explique l’étude. Qui confirme par ailleurs ce que les consommateurs peuvent constater par ailleurs : le bio est plus cher. Le prix du panier pour ceux qui y recourent pour plus de la moitié de leur achats est de 8,8 euros par jour contre 7 euros pour le conventionnel.
Il faudra du temps pour mesurer les futures évolutions de consommation

QUESTIONNAIRE. Pour les auteurs, ce travail est le premier au monde qui compare des indicateurs nutritionnels, environnementaux, toxicologiques et économiques d’un échantillon très vaste d’adultes. L’étude “démontre que les personnes qui consomment beaucoup de bio mangent aussi plus de végétaux, ingèrent plus de vitamines, de minéraux et de fibres, respectent mieux les messages sanitaires sur l’alimentation que les autres participants, reflétant ainsi des habitudes alimentaires plus saines et un style de vie plus sain”, affirment les auteurs. Le bio ne serait donc pas seulement un acte d’achat mais aussi un choix d’existence.

Tels étaient les résultats en 2014 au moment où les personnes répondaient aux questionnaires sur Internet. Comment évolue une situation très changeante, la consommation du bio ayant fortement progressé au cours de cette décennie ? En 2018, BioNutriNet a relancé une enquête afin de répondre à la question. Mais il faudra là encore attendre quelques années pour en connaître les résultats. Les questionnaires ne peuvent en effet être dépouillés que par des chercheurs connaissant parfaitement les domaines de la santé et de la nutrition. Si de 2014 à 2018, le programme a pu bénéficier d’un financement ANR permettant de former une équipe importante, ce n’est plus le cas depuis le 31 décembre et BioNutriNet n’a plus le personnel nécessaire pour un dépouillement rapide des réponses. Il ne faut donc pas attendre de réponses à ces questions essentielles avant plusieurs années…

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