La chasse, un « divertissement » d’une autre époque…qui dure !?

« If you’re not outraged, you’re not paying attention » Susan Bro Heyer

Le temps viendra où l’opinion publique ne tolérera plus les divertissements où l’on maltraite et tue des animaux. Le temps viendra, mais quand ? Quand atteindrons-nous le moment où la chasse, le plaisir de tuer des animaux pour le « sport », sera considérée comme une aberration mentale ? Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix

https://www.facebook.com/watch/?ref=external&v=200558955088827

Cette  photo assez extraordinaire a été prise par… un chasseur et a été postée sur un site spécialisé sur la formation des chiens de sang pour aider à retrouver l’animal blessé car en moyenne un animal sur deux n’est pas retrouvé…Il agonisera  parfois pendant plusieurs jours. Publiée par Wolf Eyes pour dénoncer les souffrances inutiles provoquées par la chasse la photo a finalement été retirée du site !?

https://www.francetvinfo.fr/france/chasse/cela-n-a-pas-de-sens-d-assister-a-des-scenes-pareilles-au-xxie-siecle-un-cerf-se-refugie-pres-des-habitations-apres-une-chasse-a-courre-a-compiegne_4111827.html

Jamais nous n’aurons autant entendu parler de chasse. L’été a été ponctué de rencontres, de tribunes, de menaces de manifestations et de bad buzz sur les réseaux sociaux. Finalement, l’Élysée est resté au milieu du guet en interdisant d’une main la chasse à la glu, mais en autorisant de l’autre la chasse de 18 000 tourterelles, espèce menacée d’extinction. Pour les défenseurs de l’environnement, la pratique ne peut plus se justifier face à l’urgence de la protection de la biodiversité.

Les chasseurs, qui se décrivent comme les premiers protecteurs de la nature, peinent de plus en plus à convaincre l’opinion publique.

Un sujet aura particulièrement marqué notre été : celui de la chasse. La nouvelle campagne de recrutement des chasseurs, avec des vidéos au ton parfois douteux, a fait le buzz sur les réseaux. De même que la préface polémique du livre de Willy Schraen, Président de la Fédération nationale de chasse, par l’actuel ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, qui y dénonce les « ayatollahs de l’écologie ». Le point d’orgue a eu lieu la semaine dernière avec la décision très attendue de suspendre pour un an la chasse à la glu, alors que la France est le dernier pays au sein de l’Union européenne à la pratiquer.

« Les chasseurs ne peuvent pas comprendre que cette pratique soit sacrifiée au nom d’un affichage politique ‘vert’, sans fondement réel pour qui se préoccupe réellement de biodiversité au sein des territoires, comme nous le faisons au quotidien ! » a réagi Willy Schraen dans un communiqué (1). Mais c’est justement sur le terrain de la biodiversité que la chasse, troisième loisir français derrière le foot et la pêche avec environ un million d’adeptes, constitue de plus en plus un sujet de crispation face aux questions de biodiversité et de bien-être animal.

« Un carnage »

Au total, 90 espèces sont chassables en France dont 64 espèces d’oiseaux, « contre 20 à 30 en moyenne dans le reste de l’Europe » précise Allain Bougrain-Dubourg. Parmi elles, « une vingtaine figurent dans la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et sont à l’agonie, telles que les tourterelles des bois, les barges à queue noire, les grands tétras ou encore les courlis cendrés« , alerte le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). À chaque saison, l’association multiplie les recours devant le Conseil d’État ou la Cour européenne de justice.

« La chasse de loisirs ne peut pas être compatible avec la protection de la biodiversité », assure Pierre Rigaux, expert naturaliste. « C’est objectivement un carnage car les chasseurs n’ont pas de formation au tir et le comptage des animaux tués est loin d’être systématique, à tel point qu’on ne peut l’estimer qu’au travers d’enquêtes ponctuelles réalisées certaines années par l’OFB (Office français de la biodiversité », ajoute-t-il. Selon ses calculs, sur les 20 millions d’animaux qui seraient tués chaque année, les trois-quarts seraient sauvages, le quart restant provenant d’élevages de gibiers. Mais si on y ajoute les animaux blessés ou non retrouvés, le chiffre doublerait au moins.

Manque d’études sur les impacts de la chasse

« Les chasseurs ne représentent certes qu’un facteur parmi beaucoup d’autres expliquant le déclin de la biodiversité, mais c’est l’un des seuls leviers qu’on peut activer », estime Frédéric Jiguet, ornithologue et biologiste de la conservation. En tant que membre du comité d’experts sur la gestion adaptative des espèces (Céga) et du Conseil national de la chasse et la faune sauvage (CNCFS), il dénonce à la fois le poids démesuré des représentants de la chasse dans ces instances consultatives, la faiblesse des moyens mis en œuvre pour faire respecter les arrêtés et le manque d’études scientifiques sur les impacts de la chasse.

« Pour la tourterelle des bois, nous avions conseillé de porter le quota à zéro pour avoir une chance sur deux de stabiliser les populations, mais c’est le seuil de 18 000 (animaux tuables) qui a finalement été retenu », déplore le scientifique. « Outre les espèces menacées, on peut aussi s’interroger sur la pertinence de chasser les espèces dites nuisibles. Pour les sangliers, on pourrait par exemple arrêter de les agrainer (appâter les animaux avec du grain, ndr), ce qui favorise leur multiplication. Pour les renards, deux études montrent qu’en les chassant, on ne fait pas baisser leur nombre et pire encore, on les disperse davantage sur le territoire. De même pour les blaireaux, la vaccination apparaît plus efficace. Souvent, des alternatives existent mais elles ne sont pas évaluées. »

S’ils peinent à convaincre l’opinion publique, à en croire les récents sondages, les chasseurs semblent en revanche avoir l’oreille du Président et plus généralement des politiques et des élus. À leur crédit, ils font désormais figurer des actions de protection de la nature telles que la plantation des haies ou l’entretien de mares pour lesquelles ils se voient verser des subventions publiques, parfois au détriment des associations environnementales. De quoi attiser encore un peu les tensions entre ces deux mondes plus que jamais à l’affût.

(1) Sollicitée à de nombreuses reprises, la Fédération nationale de la chasse n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/la-chasse-une-pratique-en-sursis-face-a-l-urgence-de-la-protection-de-la-biodiversite-148939.html?utm_source=Abonn%C3%A9s+Novethic&utm_campaign=a8de5ca756-Recap_2020_09_04&utm_medium=email&utm_term=0_2876b612e6-a8de5ca756-171054821

NB: Entre pro et anti-chasse, le débat fait rage et il ne date pas d’hier. Pour les uns, au-delà de la tradition, elle est une nécessité pour contrôler les populations animales et limiter les dégâts dans les cultures. Pour les autres, les arguments liés à la surreprésentation de certaines espèces est hautement contestable. Dans le canton de Genève, ce débat a été tranché il y a près de 50 ans avec une interdiction pure et simple de pratiquer la chasse. Un modèle dont pourrait s’inspirer la France ? En 1974, les Genevois étaient invités par les milieux de protection des animaux à se prononcer sur un sujet de société épineux : pour ou contre l’interdiction de la chasse ? 72 % des habitants du canton s’étaient alors déclarés en faveur de cette prohibition.

La chasse, un désastre écologique

Extermination d’espèces prétendument nuisibles et d’espèces protégées, lobbying, accidents… Dans « Pas de fusils dans la nature », le naturaliste Pierre Rigaux livre la démonstration implacable que la chasse est une catastrophe environnementale.

  • Présentation du livre par son éditeur :

Non, les chasseurs ne sont pas, comme ils le proclament, les « premiers écologistes de France ». Non, la chasse ne protège pas la nature.

Grâce à une approche scientifique, documentée, implacable, ce livre démontre à quel point la chasse est un désastre écologique.

L’élimination des animaux dits « nuisibles » qui ne le sont en fait pas, les « régulations » censées garantir un équilibre écologique qui ciblent certaines espèces en voie de disparition, les réserves naturelles gérées par les chasseurs, le vrai scandale du sanglier…

Au terme d’une enquête inédite, avec des exemples de terrain dans toute la France, l’auteur livre toutes les données scientifiques, les chiffres vérifiés, et nous révèle le coût caché de la chasse en termes de perte de biodiversité, d’impacts sur l’environnement et de fracture sociale. http://aulapinfurieux.eklablog.com/2020-mefaits-et-accidents-lies-a-la-mafia-de-la-chasse-a179574800

On peut aimer la nature …sans tuer les animaux.  Pierre Rigaux est biologiste de formation, naturaliste spécialisé dans les mammifères et les oiseaux et grand connaisseur de la faune sauvage. Préface de Nicolas Hulot.

Intimidations, agressions… Quand les chasseurs font leur loi

Aux agressions physiques et aux craintes de se promener en période de chasse, s’ajoutent désormais les menaces reçues sur les réseaux sociaux. Le naturaliste Pierre Rigaux milite contre la chasse depuis vingt ans, et a toujours connu des conflits avec les chasseurs. « Depuis que j’ai une page Facebook, précise-t-il, ça a décuplé. Avec des menaces de mort et de violence sur les réseaux sociaux notamment. » Les messages reçus chaque semaine vont de « J’espère que tu vas prendre un coup de fusil un jour » à « On va l’éjointer [couper le bout de l’aile des oiseaux d’élevage afin de les empêcher de voler] lui, il va manger ».

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) n’est pas épargnée. Des photos de guillotine lui sont parfois envoyées sur Twitter et Facebook. « Les menaces se sont radicalisées avec l’apparition des réseaux sociaux, témoigne Yves Verilhac, directeur général de la LPO. Mais c’est aussi une forme de laxisme des dirigeants cynégétiques et agricoles qui ne condamnent jamais les actes délictueux et les menaces. » À la place, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) évoque sur son site internet un « chasse bashing » et propose un formulaire en ligne pour signaler « les violences morales, physiques et matérielles que les chasseurs subissent régulièrement ». Contactée, la FNC n’a pas répondu à notre demande d’interview.

« Le sujet n’est pas pris au sérieux »

Les poursuites judiciaires contre les chasseurs se produisent, mais rarement. « Il y a une impression que le sujet n’est pas très pris au sérieux par la justice », regrette Pierre Rigaux. En avril dernier, le naturaliste a été frappé par un chasseur, à quelques centaines de mètres de chez lui. À l’heure actuelle — cinq mois plus tard donc — l’agresseur n’aurait toujours pas été auditionné.

Souvent, les preuves viennent à manquer. « Ce qu’on dit aux riverains, c’est que leur premier réflexe doit être de sortir leur téléphone portable et d’allumer la vidéo, conseille Rodolphe Trefier, porte-parole du collectif Abolissons la vénerie aujourd’hui (Ava). Les images peuvent constituer des preuves. » L’association est notamment connue pour filmer des parties de chasse à courre. Les militants sont régulièrement gênés dans leur entreprise par des chasseurs qui les empêchent de tourner des images.

Plus que la pratique en elle-même, ce sont les sentiments de toute-puissance et d’impunité que des victimes dénoncent. « Je ne me considère pas comme une militante anti-chasse, je fais la part des choses sur le comportement de chaque individu, dit Nathalia Covillault. J’ai reçu beaucoup de soutien de la part de certains chasseurs sur les réseaux sociaux. Mes agresseurs sont surtout des voyous qui terrorisent les gens et les animaux. Ce n’est pas en payant un permis de chasse à 46 euros qu’on peut s’octroyer le droit de détruire des vies. »

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Jouir des beautés de la nature sans tuer

Par Matthieu Ricard le 24 novembre 2020

Les chasseurs parlent constamment de leur rôle de « régulateurs » des équilibres naturels. On peut distinguer trois aspects à cette « régulation ».1) « Réguler » des problèmes que les chasseurs ont eux-mêmes créésL’argument le plus souvent utilisé en faveur de la « régulation » des espèces sauvages est celui des sangliers. De fait, alors que la France comptait quelques dizaines de milliers de sangliers dans les années 1960, on en recense plus d’un million aujourd’hui. Ceux qui s’en plaignent sont les auteurs de cette prolifération : les chasseurs ont lâché des sangliers d’élevage, ils les ont nourris dans la nature et ont épargné les femelles reproductives. Les cultures de maïs que les sangliers affectionnent ont augmenté et les chasseurs eux-mêmes indemnisent les paysans des dommages causés par les sangliers. Les chasseurs font donc tout ce qu’il fallait pour que le « gibier » abonde. L’augmentation considérable des cochongliers et de sanglochons, croisement issus de sangliers et de cochons domestiques, plus familiers et facilement approchables a contribué à démultiplier cette prolifération. Il est donc malséant de parler de « calamité » lorsqu’on l’a créée et qu’on l’entretient. Les chasseurs souhaitent donc « réguler » les populations de sangliers en les tuant et ne veulent pas entendre de méthodes alternatives que les scientifiques pourraient proposer (stérilisation de femelles par exemple).2) « Réguler » des espèces en voie de disparitionPourquoi diable faudrait-il « réguler », en les chassant, les effectifs d’espèces dont les populations ont dramatiquement diminué depuis plusieurs décennies — la Tourterelle des bois, le Vanneau huppé, l’Huitrier pie, le Lagopède alpin, et bien d’autres encore? Pas moins de 27 % des espèces chassables en France (24 sur 89) figurent sur la liste rouge des espèces menacées.3) « Réguler » des « nuisibles » qui n’en sont pasDes dizaines de milliers de mustélidés — belettes, martres, putois, etc… — sont piégés chaque année en France alors que leur statut de « nuisible » décrété par les chasseurs n’est défendu par aucun scientifique, ces animaux jouant un rôle important dans les écosystèmes. En 2002, sur les recommandations des scientifiques compétents, le ministre a retiré de la liste des animaux nuisibles, la belette, la martre et le putois, dont la classification comme « nuisibles » est simplement aberrante : ils ne pullulent pas et mangent des petits rongeurs. Hélas, quelque mois plus tard, nouveau ministre et retour en arrière : simplement pour faire plaisir aux chasseurs, la ministre reclassa ces trois espèces en catégorie « nuisible. » « Ce que les chasseurs veulent, le ministre fait « conclut Pierre Rigaux.Le renard est l’une des obsessions des chasseurs et ils en tuent environ un million chaque année. Les renards sont pourtant l’un des meilleurs facteurs de régulation naturelle. Les chasseurs se plaignent par exemple de la prolifération des harets, ces chats domestiques retournés à l’état semi-sauvage et revendiquent le droit de les tuer. Or, une récente étude italienne a montré que, pendant l’hiver, 30 % de l’alimentation des renards est constituée de harets. Un renard peut certes ravager un poulailler dont la porte était mal fermée, mais à l’échelle nationale, les dégâts engendrés par les renards sont dérisoires. Les contrevérités abondent également : on accuse le renard de propager la rage par exemple, alors que la rage vulpine a disparu de France depuis 1998. Quant à l’échinococcose, la néosporose, la gale et la leptospirose, aucune instance scientifique ne recommande de tuer les renards pour lutter contre ces maladies. La maladie de Lyme, quant à elle, semble avoir moins d’incidence là où les renards sont plus abondants, car les petits rongeurs sont plus prudents et se déplacent moins.

Mais la chasse est en déclin depuis plusieurs décennies, bientôt moins d’un million de chasseurs. On ne peut donc que s’associer aux vœux d’Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix :

Le temps viendra où l’opinion publique ne tolérera plus les divertissements où l’on maltraite et tue des animaux. Le temps viendra, mais quand ? Quand atteindrons-nous le moment où la chasse, le plaisir de tuer des animaux pour le « sport », sera considérée comme une aberration mentale ?


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