Savez vous ce qu’est une limite planétaire et ce que signifie le fait de la dépasser ??!
C’est un modèle établi par 26 scientifiques à travers la planète afin de déterminer le franchissement d’un seuil essentiel pour que l’humanité ne compromette pas les conditions favorables dans lesquelles elle a pu se développer jusque-là.
Plus large qu’avec les questions climatiques (deja intégrés) on quitte ainsi l’inertie d’un système à l’équilibre pour finalement naviguer dans l’inconnu et se confronter à de potentielles modifications brutales.
6 limites sur 9 sont déjà dépassées d’après le Stockholm Research Center et cette nouvelle publication dans Nature annonce le dépassement de la limite de l’eau verte. Mais c’est quoi l’eau verte ? C’est l’eau inclue dans nos sols, celle qui fait pousser nos plantes et ce que nous mangeons à la différence de l’eau bleue, l’eau de nos rivières, fleuves, lacs et nappes phréatiques. Une eau mal connue et mal maîtrisée et pourtant là, prête à nous nourrir …
Jusqu’où allons nous encore aller ? Sky is the limit !?
Il n’en reste plus que 3 limites à dépasser d’après ce modèle:
– l’ozone,
– la pollution atmosphérique
– l’acidification des océans.
Et on est pas très loin de leur franchissement…. Ce ne sont que des modèles, la réalité est bien plus complexe mais cela reste des indicateurs qui nous montrent comment nous basculons peu à peu dans une nouvelle ère…
Qu’est ce qui se passe après ? Un monde inconnu où l’inertie du système d’une planète de cycles à l’équilibre laisse place au chaos, la désertification, l’aridification de nos terres à des précipitations diluviennes car l’eau, instable dans l’atmosphère finit toujours par retomber.
Il nous reste encore un peu de temps pour agir, espérons que les consciences humaines s’élèvent avant que l’on ne maîtrise plus rien.
Comme le révélait une étude publiée dans la revue « Nature », jeudi 28 avril 2022, la sixième limite planétaire vient d’être franchie. Celle concernant le cycle de l’eau douce. Il y a quelques mois à peine, en janvier 2022, l’homme avait déjà franchi la cinquième limite planétaire, celle de la pollution chimique.
Guillaume Erner reçoit Emma Haziza, hydrologue, fondatrice et présidente de Mayane, centre de recherche consacré à l’adaptation face aux risques majeurs, notamment face au réchauffement climatique.
Les neuf limites planétaires
Emma Haziza explique qu’une limité planétaire est un seuil à partir duquel l’humanité risque de compromettre les conditions favorables dans lesquelles elle a pu évoluer jusque-là.
« La première limite du changement climatique est aujourd’hui clairement dépassée« , indique-t-elle, « comme le montre la hausse des températures en Indes ou au Pakistan. La limite concernant la biodiversité est elle aussi atteinte, avec une chute drastique non seulement des espèces mais également de leur variété et de leur multiplicité ». L’hydrologue estime que la limite concernant le cycle de l’azote et du phosphore a elle aussi été franchie.
Le cycle de l’eau douce et la pénurie d’eau verte.
L’eau bleue et l’eau verte constituent les deux catégories de l’eau douce. « L’eau verte, constituée dans nos sols, n’a pas été considérée ces dernières décennies. C’est une eau qu’on ne maîtrise pas, contrairement à l’eau bleue des lacs, des rivières et des nappes phréatiques mesurée à l’aide de capteurs qui calculent les débits des rivières ou les niveaux des nappes. Avec le changement climatique et l’augmentation des températures, la désertification et l’aridification menacent l’eau des sols ».
L’aridification, avec la pénurie d’eau verte, est généralisée selon Emma Haziza et touche tous les continents. « La Chine a notamment vécu sa pire sécheresse l’année dernière. Les géants de l’eau que sont les Brésil et le Canada découvrent qu’ils sont eux-mêmes extrêmement vulnérables ».
L’incapacité des sols à retenir l’eau
L’hydrologue estime cependant que la terre est extrêmement résiliente. « À l’état naturel, elle retrouve un équilibre très rapidement. Il faut donc lui laisser le temps ». Le phénomène de salinisation des sols les rends incapables de stocker l’eau. « Nos sols sont quasiment morts du fait de l’usage de pesticides et de la logique de monoculture à l’œuvre à peu près partout dans le monde : ils ne retiennent plus les eaux ».
Une fois évaporée dans l’air, cette eau forme de la vapeur d’eau qui est le premier gaz à effet de serre rappelle Emma Haziza. Cette eau retombe une semaine après, en général sous la forme de pluies violentes avec des effets de ruissellement. Elle accentue aussi l’augmentation du niveau des océans, estimée à 30%. « On change peut-être de réservoirs mais ce ne sont sans doute pas les bons pour nous ».
VOICI LES 9 LIMITES PLANÉTAIRES :
CHANGEMENT CLIMAT (lié aux émissions de gaz à effet de serre)
👉 La limite était de 350 ppm (concentration de CO2 dans l’atmosphère mesurée en ppm : partie par million). Aujourd’hui : 412 ppm voire 420 selon certains scientifiques….
ÉROSION BIODIVERSITÉ (ensemble des activités humaines)
👉 Le seuil, mesuré par le taux d’extinction des espèces, la dégradation des habitats naturels et le taux de perte de diversité biologique, est fixé à 10 extinctions d’espèces par an/million d’espèces. Aujourd’hui : 100 extinctions par an/million d’espèces.
PERTURBATIONS CYCLES DE L’AZOTE ET DU PHOSPHORE (liées aux engrais)
👉 AZOTE : le seuil a été fixé entre 62 et 82 millions de tonnes (Mt) par an rejeté à l’échelle mondiale. En 2015, les rejets anthropiques d’azote sont d’environ 150 Mt.
👉PHOSPHORE : Le seuil, calculé selon la quantité de phosphore extrait et rejeté dans la nature en millions de tonnes de phosphore par an, est de 11 Mt P/an. Aujourd’hui : 22 Mt P/an.
L’USAGE DES SOLS
👉 Le seuil correspond au % de surface forestière conservée par rapport à la couverture forestière originelle (avant 1700). Il est de 75% de terres forestières conservées. Aujourd’hui : 62%.
LA POLLUTION CHIMIQUE (ou « nouvelles entités » créées ou introduites par les Humains dans la biosphère)
👉 « Nous soutenons que l’espace de fonctionnement sûr de la limite planétaire des « nouvelles entités » est dépassé puisque la production et les rejets annuels augmentent à un rythme qui dépasse la capacité mondiale d’évaluation et de surveillance. »selon l’annonce de dépassement de janvier https://lnkd.in/ehvdPznY
UTILISATION ET POLLUTION DE L’EAU
👉 « Les estimations provisoires des écarts par/ aux conditions de l’Holocène, ainsi que les preuves de la détérioration généralisée du fonctionnement du système terrestre, indiquent que la limite planétaire de l’eau verte est déjà franchie », selon une étude tt juste parue dans Nature https://lnkd.in/eHHrhGEs
ACIDIFICATION DES OCÉANS (émissions de CO2)
👉 Le seuil, mesuré en fonction du niveau de saturation en aragonite (minéral composé de carbonate de calcium) ds les océans à l’ère pré-industrielle, ne doit pas descendre sous 80% de ce niveau pré-industriel. Aujourd’hui : 84%.
APPAUVRISSEMENT DE LA COUCHE D’OZONE (émissions de gaz chlorés)
👉 Il ne faut descendre en dessous d’un certain niveau de concentration d’ozone dans l’atmosphère, mesurée en unités Dobson (UD). Le seuil est de 275 DU, équivalent à 95% de son niveau préindustriel (300 UD). Aujourd’hui : entre 280 UD et 285 UD.
AÉROSOLS (issus de combustion incomplète des énergies fossiles)
👉 Aucune étude ne permet d’évaluer de façon certaine la charge atmosphérique d’aérosols.